Des centaines de milliards de francs CFA c’est le montant du préjudice en investissement et en chiffres d’affaires que le Conseil national du patronat Sénégalais (CNP) a estimé après les actes de pillages, de saccages et de vandalismes notés dans le pays.
Le Conseil national du patronat Sénégalais a fait le point mardi pour évaluer les dégâts à la suite des récentes manifestations après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour ’’corruption à la jeunesse’’.
Selon le président du Conseil national du patronat, Baïdy Angne, des centaines de milliards de francs CFA ont été perdues impliquant différents secteurs comme la monnaie électronique, le secteur du pétrole et gaz, de la grande distribution, des télécommunications et du numériques.
Des entreprises du secteur privé ont été brûlés, pillés et vandalisés.
”Il s’en est suivi un arrêt des activités économiques quasi-généralisé pendant trois jours. Au total, des centaines de milliards CFA ont été perdus en investissements et en chiffre d’affaires”, a-t-il ajouté.
Il s’exprimait lors d’une conférence de presse ce mardi, pour lister les pertes liées au récentes manifestations qui ont secoué le pays.
Pour le patronat, il est incompressible que l’entreprise d’un investisseur national ou étranger continue d’être ciblée, saccagée, pillée, brûlée et sacrifiée en raison des différends et divergences politiques.
‘’La vérité, nous la disons, nous risquons de subir une crise plus profonde que celle de la Covid-19 et de la hausse des cours mondiaux, des denrées de première nécessité sans oublier les chocs exogènes auxquels nous sommes actuellement confrontés’’, martèle Baïdy Angne.
”Brûler et piller une entreprise, quelle que soit sa taille, c’est bien plus que détruire des investissements privés. Oui, c’est priver des Sénégalais d’emplois et de revenus, c’est moins de recettes fiscales pour soutenir notre population, c’est inviter les investisseurs nationaux et étrangers à regarder ailleurs, d’autres pays plus sécurisants et protecteurs de leurs droits”, a-t-il déploré.
Fortement impactés par cette situation, les investisseurs font appel à la paix et à la stabilité du pays.
Au nom du patronat Sénégalais, M. Angne a remercié tous ceux qui ont se sont rangés, aux côtés des organisations du secteur privé pour les apporter soutiens et prières notamment les guides religieux, sans oublier divers acteurs de la société civile et des partis politiques avant de lancer un appel pour la préservation de la paix et d’investir davantage à la cohésion sociale.
Des centaines de travailleurs risquent d’être mis en chômage technique
D’après la directrice de l’opérateur de transfert d’argent Wave Sénégal, Coura Sène, une baisse de 40% a été notée sur les transferts à cause de la coupure d’internet impactant 7 millions de clients.
M. Karim Mbengue, responsable Sonatel, pour sa part a déclaré qu’après évaluation des dégâts, leur société a perdu 677 millions de francs CFA à cause de la coupure d’internet. Cette somme concerne par exemple, une agence smart store complètement digital qui se trouvait aux Parcelles Assainies qui a été ruiné et saccagé. Sur cette somme s’y ajoute 309 kiosques mobiles money (orange money) détruits.
L’hôtellerie aussi a pris un grand coup. Selon le vice-président du CNP, M. Aimé Sène, ’’Beaucoup de clients ont dû écourter leur séjour à cause des tensions notées dans le pays’’.
D’après Mamadou Racine Sy, président du comité sénégalais du tourisme, ’’ le secteur touristique a connu beaucoup d’annulations importantes à cause des manifestations de juin 2023 et des événements de mars 2021’’.
« Au total, sept magasins Auchan ont été attaqués, pillés et vandalisés. Au-delà du préjudice financier, 300 travailleurs risquent d’être mis en chômage technique « , renseigne Momar Séni Lo, directeur de vente Auchan Sénégal.
Il y ajoute qu’à ce jour plus 2300 sénégalais travaillent au sein de la société. Six cents Sénégalais y opèrent en tant que fournisseurs et plus d’un millier en tant que de prestataires. A titre d’impôts pour l’année 2022, Auchan déclare avoir versé des droits et taxes exigibles par l’État d’un montant de 23 milliards de francs CFA.
D’autres secteurs sont également touchés tels que stations-services aussi ont été saccagé par les manifestants.
Mohamed Chaaboni, président du groupement des pétroliers du Sénégal, a révélé que »près de 100 stations-services sont touchées, pratiquement toutes les marques ».
Il déclare qu’ils sont en train d’évaluer les pertes, mais ce qu’est sur ça va dépasser 3 milliards de CFA de pertes.
Bocar Sy, président de l’association professionnelle des banques et établissements financiers du Sénégal, pour sa part relève 14 agences de banques attaquées.
’’Chaque banque a enregistré une perte estimée à 150 millions CFA. Il a fait état d’actes de saccages de plusieurs agences installées dans la banlieue dakaroise et d’un traumatisme psychologique chez les travailleurs et les clients’’, soutient M. Sy.