PRESIDENTIELLE 2024 : LE CNRA ENTAME UNE TOURNEE DE SENSIBILISATION POUR LES JOURNALISTES

Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel a entamé mardi à Thiès sa traditionnelle tournée de sensibilisation des journalistes, en perspective de l’élection présidentielle du 25 février prochain.

Le CNRA, avec à sa tête son président Babacar Diagne, a regroupé des journalistes issus des trois départements de la région, à savoir Mbour, Tivaouane et Thiès, afin de leur rappeler les dispositions applicables aux médias en période électorale.

La posture attendue des médias, de la précampagne à la proclamation des résultats définitifs, en passant par la campagne électorale, a été remise au goût du jour.

Ce genre de campagne constitue, pour l’organe de régulation, une façon de privilégier la prévention par rapport à la répression, a dit le président du CNRA. Ce qui passe par un rappel des règles d’éthique et de déontologie du métier de journaliste, en plus des textes réglementaires qui encadrent la couverture de la campagne électorale.

Le journaliste est un « maillon essentiel du processus électoral », en ce sens qu’il est à la fois destinataire et diffuseur du discours politique. C’est « un acteur influent capable de forger l’opinion », a dit Babacar Diagne.

« Cette position peut en faire des cibles » pouvant être « cooptées pour influer dans un sens ou un autre ».

De ce fait, ils peuvent constituer à la fois une source de violence, tout comme ils peuvent en être des amplificateurs ou des victimes.

L’élection présidentielle du 25 février 2024 a ce « cachet particulier » que le président sortant n’est pas candidat, ce qui est un fait « inédit » dans l’histoire politique du pays, a-t-il relevé. Ce qui en fera une compétition ouverte.

Selon Mactar Sall, juriste membre du CNRA, cet organe est chargé de garantir un égal accès des candidats aux médias, le respect des règles, l’équilibre de l’information, mais aussi d’édicter des directives sur le début et la fin de la précampagne.

Il a annoncé, en passant, que la précampagne court du 5 janvier 2024 à zéro heure au 3 février 2024 à zéro heure.

La campagne, elle, couvre la période du 4 février à zéro heure au 23 février à zéro heure.

Il a rappelé l’interdiction faite aux médias de diffuser des contenus assimilables à de la « propagande déguisée ».

S’y ajoute l’obligation faite aux médias de ne donner que des résultats officiels, soit ceux affichés à l’entrée des bureaux de vote, ceux provisoires publiés par la commission de recensement des votes ou les résultats définitifs. Les résultats annoncés par les chefs d’état-majors politiques, ou transmis par des acteurs partisans ne sont pas à diffuser.

Les appels au vote pour tel ou tel candidat le jour du scrutin ne doivent pas être relayés non plus, encore moins les propos de haine, d’intolérance, de stigmatisation, ou encore de nature à décourager les électeurs d’aller voter, a poursuivi M. Sall, coordonnateur de la Plateforme des organes de régulation des pays membres de l’UEMOA en plus de la Guinée.

Les radios communautaires, quant à elles, ne peuvent pas couvrir la campagne électorale, même si elles peuvent appeler à la paix, aborder les questions de citoyenneté, de cohésion. Elles peuvent aussi retransmettre le journal de la campagne diffusé par la télévision nationale.

Pour le journaliste Ibrahima Bakhoum, les règles du journalisme restent à peu près les mêmes, à la seule différence qu’elles sont plus prégnantes en période électorale, qui est un moment de compétition.

« Le travail de journaliste, a-t-il dit, est encadré par la déontologie, supporté par l’éthique et exprimé par des gens de valeur ».

Pour l’adjoint au préfet, Diadji Guéye, cet atelier est arrivé « à point nommé », à un moment où le pays se prépare à une élection « à fort enjeu », et dans un contexte où le paysage médiatique change de jour en jour, avec la profusion d’actes de manipulation et de propagande.

Consciente de la nature du contexte, marqué par une crise liée à une « divergence entre les acteurs politiques », la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) forme ses membres à déjouer la désinformation, le deep-fake, mais aussi le discours de haine, a dit son secrétaire général.

Selon lui, la CJRS envisage une campagne du 16 au 18 novembre dans le Sud du pays, sur la sécurité et la protection des acteurs en période électorale.

Une tournée avait été menée au Nord du pays, avec l’appui du Commissariat des Nations unies pour les droits humains, a-t-il noté.

Selon Babacar Diagne, un atelier national, prévu à Dakar à l’issue de la tournée nationale du CNRA, qui sillonnera plusieurs régions du pays.