Le Fonds monétaire international (FMI) a exprimé des inquiétudes quant à la situation économique du Sénégal, après avoir constaté un ralentissement de l’activité au cours du premier semestre 2024. L’institution prévoit des « perspectives difficiles » pour le reste de l’année et appelle les autorités sénégalaises à mettre en place des « mesures fortes », notamment la suppression progressive des subventions énergétiques non-ciblées et coûteuses.
Selon un rapport publié sur le site du FMI, la mission du Fonds, qui a séjourné au Sénégal pendant une semaine, a relevé que « l’activité économique a ralenti », avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de 2,3 % au premier trimestre 2024. Ce ralentissement est attribué à une activité plus faible dans des secteurs clés tels que le minier, l’agro-industriel, la construction et, dans une moindre mesure, le secteur primaire.
En dépit de cette situation, l’inflation a reculé, atteignant 2,2 % en moyenne sur les six premiers mois de l’année, sous l’effet de la baisse des prix internationaux des matières premières. Cependant, les dépenses publiques, notamment celles liées aux subventions énergétiques et aux paiements d’intérêts, ont pesé sur la position budgétaire, provoquant un creusement du déficit.
« Le déficit budgétaire s’est creusé », a souligné Edward Gemayel, chef de la mission du FMI au Sénégal, ajoutant que « les autorités ont eu recours à des emprunts commerciaux externes coûteux à court terme » en raison de la faiblesse des marges de liquidité.
Face à cette situation, le FMI recommande au Sénégal de prendre des mesures rigoureuses pour stabiliser ses finances publiques. Parmi celles-ci, la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non-ciblées figurent en tête de liste. Ces réformes sont jugées essentielles pour que le pays puisse atteindre les objectifs de déficit fixés par l’UEMOA et pour remettre la dette publique sur une trajectoire descendante.
Les discussions avec les autorités sénégalaises, dont le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, ont porté sur l’engagement du gouvernement à poursuivre les réformes dans le cadre du programme économique soutenu par le FMI, qui comprend notamment des accords d’un montant total de 1,5 milliard de dollars américains (soit environ 887,4 milliards de francs CFA), dans le cadre du Mécanisme élargi de crédit (MEC).
En parallèle, le FMI appuie également le programme de résilience et de durabilité du Sénégal avec un financement d’environ 320 millions de dollars (environ 189,3 milliards de francs CFA), visant à soutenir la stabilité économique du pays.
Malgré ce soutien, le FMI demeure préoccupé par les perspectives économiques du Sénégal pour 2024. Le ralentissement de la croissance observé au premier semestre pourrait se poursuivre, menaçant de compromettre les objectifs de développement à long terme. Les autorités sénégalaises, quant à elles, ont réaffirmé leur engagement à prendre des « mesures vigoureuses » pour redresser les finances publiques et assurer une réduction du déficit et de la dette publique.
Le FMI reste cependant optimiste quant à l’impact des réformes proposées, tout en soulignant l’importance d’une action rapide et coordonnée pour maintenir la stabilité économique du Sénégal.