Au premier jour de la campagne pour les élections législatives anticipées, les Sénégalais expriment des attentes variées et pressantes. Des réformes liées à la loi sur le loyer à la criminalisation de l’homosexualité, en passant par la justice sociale et la lutte contre la vie chère, la prochaine Assemblée nationale est perçue comme un acteur clé pour répondre aux aspirations des citoyens.
Un besoin de rupture avec le passé
La demande d’une rupture avec les pratiques de la législature précédente est récurrente. Mady Cissé, un retraité installé dans un petit bureau improvisé près de la police à la cité Alioune Sow, exprime cette volonté : « Nous voulons une Assemblée de rupture, avec des députés capables de comprendre et de résoudre les problèmes socio-économiques du pays. » Il insiste sur la nécessité d’une législature active et responsable, axée sur la défense des intérêts du peuple plutôt que sur des allégeances partisanes ou personnelles. Cette exigence de professionnalisme et de sérieux dans la représentation parlementaire résonne largement auprès de la population.
La justice est également un domaine où les attentes sont fortes. Pour Mady Cissé, les nouvelles lois adoptées par les députés doivent viser à « corriger les injustices persistantes dans le pays, en rendant les décisions des tribunaux plus respectées et en établissant des mesures contraignantes pour garantir leur application. » Les citoyens souhaitent voir une Assemblée nationale qui prenne des décisions justes et équitables, loin des intérêts de petits groupes ou de lobbies puissants.
Lutte contre la vie chère et révision de la loi sur le loyer
Le coût de la vie demeure une préoccupation majeure pour de nombreux Sénégalais. Ousseynou Diouf, réparateur de ventilateurs à ses heures, partage ses difficultés à trouver un logement abordable : « La vie est extrêmement chère, le loyer et les factures d’eau et d’électricité sont écrasants. » Il espère que la nouvelle législature trouvera des solutions pour alléger le fardeau financier des familles sénégalaises, notamment à travers la révision de la loi sur le loyer et la mise en place de mesures pour réduire le coût de la vie.
Ousseynou, diplômé en soins infirmiers mais actuellement sans emploi, souligne également l’importance d’un engagement en faveur de la jeunesse : « Ils doivent soutenir cette jeunesse et éviter le gaspillage des deniers publics. » Les jeunes, souvent confrontés au chômage ou à des emplois précaires, espèrent des mesures concrètes pour favoriser leur insertion professionnelle et la création d’emplois stables.
Vers une Assemblée plus sereine et productive
Pour beaucoup, l’image de la précédente législature a été ternie par des disputes et des confrontations au sein de l’hémicycle. Moussa Thiaw et Mouhamed Ndiaye, deux chauffeurs de taxi, expriment leur souhait de voir une Assemblée plus sereine et productive : « Nous attendons d’eux qu’ils tiennent leurs promesses et travaillent pour le peuple. » La fin des débats stériles et des affrontements publics est une demande récurrente, avec une attente claire de respect et de sérieux de la part des députés.
Dans la commune de Golf Sud, Ibrahima Diop, premier adjoint au maire, énumère les réformes prioritaires que la prochaine Assemblée devra mener : « Nous attendons des lois sur les réformes pétrolières et gazières, l’agriculture et la pêche. » La gestion des ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz, est cruciale pour le pays, avec des attentes élevées concernant la transparence et la redistribution des richesses générées. D’autres secteurs comme l’agriculture et la pêche nécessitent également des réformes pour soutenir l’économie locale et améliorer les conditions de vie des populations rurales.
La question sensible de la criminalisation de l’homosexualité
Le débat sur la criminalisation de l’homosexualité reste une question délicate. Plusieurs voix, dont celle d’Ibrahima Diop, soulignent que ce sujet devra être abordé par la future Assemblée : « Nous attendons des réformes sur la criminalisation de l’homosexualité, comme promis par le Premier ministre Ousmane Sonko. » Ce débat, qui divise la société sénégalaise, sera sans doute l’un des dossiers les plus épineux pour la prochaine législature.
Les élections législatives anticipées au Sénégal suscitent de grands espoirs et une attente claire d’une nouvelle ère politique. Le peuple sénégalais souhaite voir des députés engagés, responsables et déterminés à adopter des lois qui améliorent réellement la vie des citoyens. La crédibilité des institutions, la lutte contre les inégalités et la réforme des secteurs clés de l’économie seront autant de défis à relever par les nouveaux élus.
Ousmane DIALLO