Le Sénégal, l’un des principaux points de départ pour des milliers de migrants africains, est confronté à une nouvelle vague de départs clandestins vers l’Europe via les îles Canaries, dans une traversée périlleuse et meurtrière de l’Atlantique. Près de 600 migrants ont été secourus en mer ces derniers jours, tandis que des centaines de personnes continuent de risquer leur vie à bord d’embarcations surchargées et vétustes.
Cette route des Canaries, surnommée la « route de la mort », est devenue, selon José Antonio Verona, un responsable de la Croix-Rouge en Espagne, “la seule issue” pour de nombreux jeunes Sénégalais et Africains en quête de meilleures opportunités. Elle demeure pourtant l’itinéraire le plus meurtrier pour les migrants en Afrique de l’Ouest. Fin septembre, la marine sénégalaise a découvert au moins 30 corps sans vie dans une embarcation, ajoutant au bilan tragique de cette migration. Plus tôt en septembre, un autre naufrage d’une pirogue surchargée à Mbour a causé la mort d’au moins 39 personnes.
Malgré les risques évidents, le nombre de migrants ayant atteint les îles Canaries est en hausse. Selon des données rapportées par Radio France Internationale (RFI), environ 36 000 personnes sont déjà arrivées sur les côtes des Canaries cette année, et ce chiffre pourrait bien battre le record de 40 000 migrants atteint en 2023 d’ici à la fin de l’année.
Face à cette crise humanitaire, les autorités sénégalaises et espagnoles renforcent les opérations de surveillance maritime et les mesures d’interception. Les autorités locales au Sénégal multiplient les campagnes de sensibilisation dans les régions côtières, appelant les jeunes à abandonner cette voie dangereuse. Des accords de coopération entre le Sénégal et l’Espagne visent également à contenir ces départs, en conjuguant efforts diplomatiques et humanitaires pour proposer des alternatives locales aux jeunes Sénégalais.
Pour de nombreux jeunes, ces traversées symbolisent un espoir de fuir la précarité économique. Cependant, la promesse d’une vie meilleure est souvent confrontée à une réalité brutale, marquée par la peur, les drames en mer, et les conditions de vie difficiles à leur arrivée en Europe.