Vingt-trois députés de l’opposition, issus de la coalition Takku Wallu Sénégal et du groupe des non-inscrits, ont saisi ce mardi le Conseil constitutionnel pour contester la loi interprétative de l’amnistie de 2024. Présentée par la majorité comme une clarification juridique, cette loi est jugée inique et inconstitutionnelle par ses opposants.
Lors d’un point de presse à Dakar, le député Mbaye Dione a dénoncé un texte qui crée selon lui une « justice à deux vitesses », en protégeant certains acteurs politiques tout en exposant d’autres à des poursuites. Il accuse la majorité d’instrumentaliser la loi pour garantir l’impunité à ses partisans, au détriment de l’égalité devant la justice.
Le recours, soutenu par des constitutionnalistes, argue que la loi viole la Constitution en rompant le principe fondamental d’égalité. Les parlementaires s’inquiètent aussi des conséquences pour les forces de défense et de sécurité, dont la responsabilité pourrait désormais dépendre de lectures politiques changeantes. « Cette loi fait peser une présomption de culpabilité sur nos soldats, fondée non sur des preuves, mais sur des discours populistes », alerte Mbaye Dione.
Déterminée à poursuivre ce combat, l’opposition affirme que son engagement dépasse le cadre juridique. Elle entend mobiliser la société civile autour de ce qu’elle considère comme un enjeu national et républicain. Le Conseil constitutionnel a désormais plusieurs semaines pour se prononcer sur la recevabilité du recours. En attendant, les députés appellent à une mobilisation intellectuelle et citoyenne pour défendre l’État de droit.