L’HORTICULTURE AU CŒUR DU PROJET NATIONAL DE SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE

Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, a lancé mardi un appel fort à la professionnalisation du secteur horticole national, en ouverture du premier Forum national de l’horticulture. L’événement, qui se tient au CICAD de Diamniadio, réunit plus de 500 participants issus de toute la chaîne de valeur horticole.

Placé sous le thème « Systèmes horticoles durables, résilients et compétitifs pour la sécurité alimentaire et le développement économique du Sénégal », ce forum marque une étape importante dans la redéfinition des ambitions du pays pour une filière à la fois stratégique et sous-exploitée.

“Nous devons aller rapidement vers une professionnalisation du secteur horticole pour en faire un véritable levier de souveraineté alimentaire”, a martelé Mabouba Diagne.

Le ministre a souligné la dépendance persistante du pays aux importations de fruits et légumes, qui atteignent plus de 347 000 tonnes pour une valeur de 70 milliards de FCFA. Des chiffres jugés alarmants dans un contexte où l’autosuffisance alimentaire reste un objectif prioritaire.

Mabouba Diagne a insisté sur la nécessité d’investir massivement dans la conservation, notamment avec la construction de plus de 18 000 tonnes de hangars frigorifiques dans les deux prochaines années, une première réponse concrète à un déficit vieux de 65 ans.

Le secteur privé national a également été interpellé. “Si le secteur privé national ne mouille pas le maillot, nous serons obligés de le faire avec les étrangers”, a averti le ministre, tout en promettant l’accompagnement de l’État en exonérations, financements et facilités à l’export, dans le cadre de partenariats public-privé.

Parmi les leviers identifiés pour moderniser la filière figurent la digitalisation, l’intelligence artificielle, l’énergie solaire, mais aussi la structuration des petits producteurs en coopératives agricoles communautaires, pour faciliter leur accès au financement, à la formation et à l’assurance.

Son homologue du Commerce et de l’Industrie, Serigne Guèye Diop, a abondé dans le même sens, insistant sur la nécessité de rendre la filière plus compétitive, en particulier sur les plans de la qualité, de la productivité et de la conservation.

Il a annoncé un projet ambitieux de stockage de 200 000 à 300 000 tonnes, en discussion avec des partenaires techniques et financiers. Il a aussi plaidé pour un meilleur étalement des productions grâce à une planification intelligente du calendrier cultural.

Le ministre a par ailleurs annoncé la mise en place de deux task-forces dédiées respectivement à la commercialisation et à la transformation des produits horticoles, dans une dynamique de création de valeur ajoutée.

Ce forum doit aboutir à une feuille de route consensuelle, en vue d’un développement durable, inclusif et structuré du secteur. Panels, ateliers, rencontres B2B et expositions permettent aux acteurs de partager leurs expériences et d’esquisser des solutions concrètes pour l’avenir.