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La militante Stacey Abrams, « étoile montante » du Parti démocrate américain

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Femme noire, démocrate et engagée, Stacey Abrams est devenue en quelques années une figure clé du parti, en militant pour les droits civiques des minorités en Géorgie.

« Voter, c’est un pouvoir. Voter, c’est votre voix. Des gens ont travaillé dur pour nous donner cette voix. Maintenant, c’est à nous de continuer la bataille pour un futur meilleur en Géorgie. » Alors qu’une double élection sénatoriale débute dans cet État américain le 5 janvier, Stacey Abrams adresse un dernier message d’encouragement à la jeunesse.

Depuis des années, cette femme politique afro-américaine, qui a dirigé le groupe démocrate à la Chambre des représentants de Géorgie (2011 à 2017), milite pour favoriser l’accès au vote des minorités. Un dur labeur, qui aurait permis à des centaines de milliers de personnes de s’inscrire sur les listes électorales, et largement contribué à la victoire historique de Joe Biden lors de la présidentielle de novembre dans cet État du Sud profond, traditionnellement républicain.

Un « nouveau Sud, militant et éduqué »

Élevée au sein d’une famille de six enfants par des parents engagés dans la vie associative, Stacey Abrams développe une fibre politique précoce. Alors qu’elle étudie les sciences politiques à l’université, elle fait ses premières armes au sein du bureau jeunesse du maire démocrate d’Atlanta de l’époque, Maynard Jackson. Étudiante brillante, elle obtient un diplôme de droit à l’université de Yale avant de devenir procureure générale adjointe de la ville d’Atlanta, puis présidente du groupe démocrate à la Chambre des représentants de Géorgie en 2011.

En 2018, à l’âge de 44 ans, Stacey Abrams, également connue comme écrivaine sous le pseudonyme de Selena Montgomery, est choisie par le camp démocrate comme candidate au poste de gouverneure de Géorgie. Une première pour une femme afro-américaine.

« C’est avec ce scrutin que Stacey Abrams s’est vraiment fait un nom sur la scène politique », explique Gérald Olivier, chercheur franco-américain à l’Institut de prospective et de sécurité en Europe (IPSE), spécialiste de politique américaine, contacté par France 24. « Elle représente un ‘nouveau Sud’, militant et éduqué, car ce n’est pas juste une personnalité politique de caractère avec de la gouaille, elle a de solides qualifications, notamment juridiques. »

L’élection sera finalement remportée, à l’arrachée, par le candidat républicain Brian Kemp. Stacey Abrams l’accuse alors d’avoir usé de sa position de secrétaire d’État de Géorgie pour bloquer le vote d’une partie des électeurs. « Trump est actuellement très critiqué car il refuse de concéder sa défaite. Mais on peut considérer que Stacey Abrams a, elle aussi, manqué de fair-play en 2018 en accusant son adversaire de triche », estime Gérald Olivier.

Les démocrates, eux, défendent leur protégée : « 50 000 formulaires, majoritairement d’électeurs noirs, avaient bien été rejetés car jugés ‘non conformes’ », souligne un membre de Democrats Abroad France, contacté par France 24. « Cela pose de sérieuses questions sur l’utilisation des règles électorales par les républicains », s’indigne-t-il.

Après sa défaite, le Parti démocrate lui conserve ses faveurs, en la choisissant l’année suivante pour exercer le traditionnel droit de réponse au discours sur l’état de l’Union du président Trump.