Invité de la matinale Sénégal, l’économiste et président de la Fédération nationale des industriels du Sénégal, Alla Sène, a analysé le rapport d’exécution budgétaire 2025. Selon lui, malgré une croissance exceptionnelle de 12 % au premier trimestre, les retombées sont encore peu perceptibles pour la population et le secteur privé.
« L’économie du pays a enregistré une hausse de 12 % au premier trimestre, un chiffre jamais atteint dans l’histoire du Sénégal. C’est une performance unique en Afrique et nous devons nous en féliciter », a-t-il indiqué.
Alla Sène a tenu à nuancer cet exploit en soulignant que le Trésor public n’a encaissé que 35 milliards de francs CFA des recettes issues de l’exploitation pétrolière. « Les Sénégalais ne doivent pas penser que cette croissance se traduit directement dans les caisses de l’État. Le partage des revenus pétroliers et la lourde dette publique expliquent cette situation », a-t-il précisé.
Le président des industriels a rappelé que l’État doit encore d’importantes sommes au secteur privé : 500 milliards déjà budgétisés, dont seulement 138 milliards ont été exécutés ; 283 milliards dus par les agences publiques, mais non budgétisés dans la loi de finances rectificative.
Autre inquiétude soulevée : la pression fiscale qui pèse particulièrement sur les industriels. Selon Alla Sène, « l’État a mobilisé 51 % de recettes, mais de façon déséquilibrée. L’impôt sur les bénéfices, qui concerne surtout le secteur privé, a été recouvré à hauteur de 85 %, contre seulement 60 % pour l’impôt sur les salaires et les sociétés. Cela traduit une pression excessive sur les industriels. »
Malgré la bonne dynamique économique, Alla Sène estime qu’il est urgent pour l’État de rééquilibrer la fiscalité et d’honorer ses engagements financiers. « Il faut plus d’équité dans la répartition de la charge fiscale pour que la croissance profite réellement à tous », a-t-il conclu.