CROISSANCE ÉCONOMIQUE, DISCIPLINE BUDGÉTAIRE ET AMBITIONS FISCALES : LES GRANDES LIGNES DU DPBEP 2026-2028

Le gouvernement sénégalais a rendu public le Document de Programmation Budgétaire et Économique Pluriannuelle (Dpbep) couvrant la période 2026-2028. Ce document stratégique anticipe une croissance moyenne de 5,5% sur trois ans, portée notamment par le dynamisme du secteur primaire et la résilience du tertiaire.

Une croissance tirée par les secteurs productifs

La progression économique annoncée repose sur une contribution soutenue du secteur primaire (+6,5%), dopé par l’agriculture, l’élevage et une légère amélioration de la pêche. Le secteur tertiaire affiche également une belle santé avec une croissance projetée à 6%, grâce à l’expansion des services commerciaux, financiers, de transport et d’hébergement.

À l’inverse, le secteur secondaire connaîtrait une évolution plus modérée à +3,2%, en raison notamment d’un recul attendu de la production pétrolière et gazière. Néanmoins, les autres branches industrielles, particulièrement la transformation manufacturière, devraient maintenir une dynamique de 6,2%.

Une inflation maîtrisée et une ambition fiscale affirmée

Le Dpbep table sur une inflation moyenne de 1,7% sur la période, bien en dessous du plafond communautaire de 3% fixé par l’UEMOA. Sur le plan fiscal, les autorités misent sur une hausse progressive de la pression fiscale, qui atteindrait 19,7% du PIB en 2028, avant de franchir la barre des 20% dès 2029, conformément aux normes communautaires.

Cette progression sera soutenue par l’élargissement de l’assiette fiscale, la réduction des exonérations via le nouveau Code des investissements, ainsi que la simplification des procédures fiscales et douanières.

Une balance des paiements en amélioration

Le document prévoit une réduction du déficit courant, qui passerait de 9,8% du PIB en 2025 à 8,3% sur la période projetée, grâce à la baisse des importations de produits pétroliers et la montée en puissance des exportations de ressources extractives comme le pétrole, le gaz, l’or ou le zircon.

Au final, le solde global de la balance des paiements resterait excédentaire, avec une moyenne de 302,4 milliards de FCFA, bien que légèrement en baisse par rapport à l’excédent de 548 milliards anticipé pour 2025.

Politique monétaire : progression de la masse monétaire

Le Dpbep prévoit également une hausse annuelle moyenne de la masse monétaire de 7,4%. Cette augmentation serait principalement alimentée par une amélioration des avoirs extérieurs nets (+302,4 milliards) et une progression notable des créances intérieures sur l’économie (+945,8 milliards), favorisant ainsi le financement de l’activité économique.

Moins de ressources que prévu

Enfin, les prévisions de ressources budgétaires totales sur la période 2026-2028 sont revues légèrement à la baisse à 16.638,7 milliards de FCFA, soit une diminution de 363,9 milliards par rapport au Dpbep précédent (2025-2027).
Le Sénégal affiche une trajectoire économique globalement positive pour les trois prochaines années, avec une volonté affirmée de discipline budgétaire, de mobilisation fiscale et de renforcement de ses équilibres extérieurs. Reste à savoir si les objectifs fixés dans ce document de programmation pourront être tenus dans un contexte international encore incertain.