Lors de son passage dans l’émission Valeur Ajoutée sur Radio Sénégal, Mouhammed Niang, directeur conformité Afrique et spécialiste du contrôle des risques et du management de conformité, a mis en lumière les défis liés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme en Afrique, ainsi que leurs impacts sur les économies locales.
Selon Mouhammed Niang, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme restent des phénomènes peu compris en Afrique, mais leurs manifestations sont bien réelles, notamment dans des zones en proie à l’insécurité comme le Sahel. Il souligne que des attaques terroristes dans des pays proches du Sénégal, tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, illustrent la matérialité de ces fléaux.
Au Sénégal, bien que le pays bénéficie d’une relative stabilité, la libre circulation des personnes au sein de la CEDEAO expose potentiellement le territoire à des risques. « Nos forces de défense et de sécurité veillent à la protection du pays, mais les risques demeurent », a-t-il averti.
Mouhammed Niang a expliqué que l’injection de fonds blanchis dans l’économie a des répercussions graves notamment la corruption et le détournement de fonds publics ces pratiques privent des secteurs essentiels comme l’éducation et la santé de ressources cruciales. La déstabilisation économique, le recyclage de fonds illégaux dans le circuit financier classique déforme les dynamiques économiques et favorise des activités non productives.
Certains secteurs économiques sont particulièrement vulnérables au blanchiment d’argent : Le secteur financier : Les banques et autres organismes financiers constituent le principal point d’entrée pour l’argent blanchi. L’immobilier : Avec ses besoins élevés en capitaux, ce secteur est prisé par les blanchisseurs d’argent pour recycler leurs fonds, d’où l’urgence de renforcer les contrôles sur l’origine des financements. Les professions réglementées : Notaires et avocats, qui manipulent souvent d’importants flux financiers, nécessitent une surveillance accrue.
Pour lutter contre ce phénomène le Sénégal a mis en place plusieurs dispositifs pour contrer ces pratiques. Une loi récente vise à renforcer les mesures contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières joue un rôle clé dans la traque des transactions suspectes. Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), elle contrôle les établissements financiers pour s’assurer du respect des normes de conformité. Grâce à ces efforts, le Sénégal a été retiré de la liste grise du GAFI, marquant une avancée notable dans la lutte contre ces fléaux.
Mouhammed Niang conclut sur une note encourageante, tout en appelant à la vigilance : « Le Sénégal continue de travailler graduellement pour améliorer son système financier et lutter efficacement contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. » Ces efforts concertés témoignent de l’engagement des autorités et des acteurs du secteur pour garantir une économie saine et sécurisée.