POUR UNE PRESSE RÉFORMÉE : AMINATOU MOUHAMED DIOP APPELLE À L’INTROSPECTION ET À LA RESTRUCTURATION

« La polémique actuelle autour de la presse est, à mon sens, une opportunité positive. Il est grand temps que nous remettions en question notre coopération et que nous nous introspections pour exprimer clairement nos préoccupations en tant que professionnels du secteur. Personne d’autre ne le fera à notre place », déclare Aminatou Mouhamed Diop, secrétaire permanente du Cored, lors de son passage à la matinale « Salam Sénégal » de la RSI.

Elle souligne l’importance de reconnaître que nous sommes des entreprises de presse, tenues de respecter les exigences du code de la presse pour nous positionner efficacement vis-à-vis de l’État et revendiquer nos droits. L’arrivée du nouveau régime a ouvert la voie à un discours sur la structuration, qu’elle considère comme un développement positif. « Cela fait maintenant cinq ans que le Cored demande la liste des médias conformes au code de la presse. Récemment, le directeur de la communication nous a informés que cette liste sera publiée, et le ministre a constitué une commission à cet effet. »

Cependant, certains acteurs de la presse ont remis en question la légalité de cette commission, bien qu’elle soit légitime. Aminatou Mouhamed Diop précise que le Cored a participé à ses travaux, tout en insistant sur le fait que ce n’est pas le président Mamadou Thior qui représente l’organisation : « Le Cored est un outil au service des journalistes, et non une émanation du ministère de la communication. Il est troublant de constater que certains journalistes s’en prennent au Cored, tandis que d’autres organisations impliquées dans la commission ne sont pas critiquées. Il est donc erroné d’affirmer que le Cored participe à une tentative de musellement de la presse sénégalaise. »

La publication de la liste des médias conformes au code de la presse a suscité de vives réactions. Elle précise que « la commission s’est fondée sur le code de la presse, qui définit clairement qui est journaliste et les critères que chaque média doit respecter. Son travail n’a pas porté sur le régime juridique des entreprises de presse, ce qui n’est pas de son ressort. » Elle ajoute qu’il s’agit d’une liste provisoire : « Nous n’avons pas exclu d’autres médias. Beaucoup ont attendu la dernière minute pour s’enregistrer. Ceux qui ne s’enregistreront pas après cette première publication pourront être ajoutés ultérieurement. Concernant la carte de presse, il est vrai que nous avons également attendu jusqu’à la dernière minute pour en faire la demande. »

En ce qui concerne la situation actuelle du secteur des médias, Aminatou Mouhamed Diop souligne que chaque fois que le Cored a l’occasion d’échanger avec les autorités, il s’efforce de sensibiliser sur cette problématique. Cela reste un défi, mais elle rappelle que « cette situation préexistait au changement de régime. De nombreux médias étaient déjà confrontés à des tensions financières avant l’arrivée de ce gouvernement, même si ces tensions se sont peut-être accentuées depuis. »

Face à ce constat, elle estime qu’il est crucial de revoir notre modèle économique, qui ne favorise pas l’enrichissement des acteurs de la presse. Une restructuration du secteur est nécessaire : « Il est impératif de se concentrer sur le journalisme, sans s’impliquer dans des activités politiques ou dépendre des aides de l’État pour survivre. » Pour elle, c’est là le véritable combat des acteurs des médias : « Nous devons d’abord être exigeants envers nous-mêmes avant d’exiger quoi que ce soit de l’État du Sénégal. »