Depuis l’indépendance du Sénégal, le 4 octobre 1960, et la reconnaissance immédiate de l’État sénégalais par Tokyo, les relations entre Dakar et Tokyo reposent sur un socle solide de confiance et de respect mutuel. Le Japon s’est très tôt imposé comme un partenaire fiable du Sénégal, en apportant une expertise technique et un soutien financier considérable. Cette coopération n’a cessé de croître, couvrant des secteurs vitaux tels que l’eau, la santé, l’éducation, l’agriculture et les infrastructures.
Les premières années : l’eau comme priorité vitale
Dès les années 1970, le Japon s’engage fortement dans le domaine hydraulique. Grâce à ses financements, plus de cent villages sénégalais sont dotés de systèmes motorisés d’alimentation en eau, représentant près de 11 % du parc national. Ces investissements ont permis d’améliorer significativement les conditions de vie des populations rurales et de lutter contre les difficultés chroniques d’accès à l’eau potable. Au-delà des infrastructures, le Japon a également appuyé la formation des comités de gestion locaux, afin de garantir une pérennité et une autonomie communautaire dans la gestion des ouvrages.
Des financements massifs pour le développement
En matière de coopération économique, les chiffres traduisent l’ampleur de l’engagement japonais. Jusqu’en 2021, le Sénégal a bénéficié de 58,6 milliards de yens de prêts, 126 milliards de yens de dons et 58,7 milliards de yens en coopération technique. Ces ressources ont permis la réalisation de projets structurants dans la santé, avec la construction d’hôpitaux et de centres de santé, dans l’éducation, avec l’édification de centaines de salles de classe, mais aussi dans la pêche, l’agriculture, la formation professionnelle et la sécurité alimentaire.
L’impact de cette coopération se mesure également dans les grands projets d’infrastructures, à l’image de la station de dessalement des Mamelles, à Dakar, financée en partenariat avec la JICA. Ce projet stratégique doit sécuriser l’approvisionnement en eau potable de la capitale et de ses environs pour les décennies à venir.
Un commerce bilatéral en progression
Les échanges commerciaux entre le Sénégal et le Japon connaissent une dynamique croissante, bien que déséquilibrée. En 2022, les exportations sénégalaises vers le Japon se sont élevées à 4,12 milliards de yens, composées essentiellement de produits de la mer et de minerais, tandis que les importations en provenance du Japon ont atteint 10,33 milliards de yens, dominées par les fibres synthétiques, les machines et l’acier. Cette balance commerciale illustre la complémentarité mais aussi les défis à relever pour accroître la valeur ajoutée des produits sénégalais destinés au marché nippon.
Des relations politiques et diplomatiques soutenues
Sur le plan diplomatique, les relations sénégalo-nippones se sont consolidées par un dialogue constant et des visites de haut niveau. En décembre 2017, le Premier ministre Shinzo Abe recevait le président Macky Sall à Tokyo, concluant des accords de dons d’un montant de 32 millions de dollars, orientés vers l’électricité, la santé et la sécurité alimentaire. Deux ans plus tard, lors de la TICAD VII à Yokohama, les deux dirigeants réaffirmaient la dimension stratégique de leur coopération, le Sénégal étant considéré par Tokyo comme un acteur clé en Afrique de l’Ouest.
En décembre 2022, le président Macky Sall effectuait une nouvelle visite officielle au Japon, marquée par la signature d’un communiqué conjoint et de projets dans l’éducation et la pêche. Plus récemment, en avril 2025, à l’occasion du 65e anniversaire des relations diplomatiques, le ministre japonais des Affaires étrangères s’est rendu à Dakar. Cette visite a permis de célébrer un demi-siècle et demi de coopération et d’annoncer un renforcement des partenariats, notamment en vue de la TICAD 9 et des Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026.
Innovation, climat et formation : les nouveaux horizons
La coopération sénégalo-japonaise s’oriente désormais vers des enjeux contemporains et stratégiques. En 2022, le Sénégal est devenu le 18e pays partenaire du Joint Crediting Mechanism (JCM), qui favorise la réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce au transfert de technologies propres. Ce mécanisme ouvre de nouvelles perspectives pour accompagner la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique.
En parallèle, le Japon soutient activement la formation de la jeunesse sénégalaise. Des bourses de plusieurs centaines de millions de yens sont régulièrement accordées pour permettre à de jeunes fonctionnaires et cadres de se former dans les universités japonaises avant de revenir servir le pays. Le Centre de formation professionnelle et technique Sénégal-Japon, qui a célébré ses quarante ans en 2025, demeure un symbole fort de ce partenariat éducatif.
Un avenir partagé
Soixante-cinq ans après l’établissement des relations diplomatiques, le partenariat entre Dakar et Tokyo s’affirme comme un modèle de coopération Sud-Nord équilibrée et durable. Ancré dans l’histoire, il se projette vers l’avenir avec des priorités nouvelles : le développement durable, la transition énergétique, la formation des jeunes et la promotion de l’investissement privé.
À l’heure où se préparent la neuvième édition de la TICAD et les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2026 à Dakar, le Sénégal et le Japon réaffirment leur volonté commune d’élever leur partenariat à un niveau stratégique encore plus élevé. Plus qu’une coopération, c’est une véritable amitié qui unit les deux nations, au service de l’émergence et du progrès partagé.