Le Sénégal manque encore de données spécifiques sur le travail des enfants, un obstacle majeur pour élaborer des politiques et actions adaptées à ce fléau. C’est ce qu’a affirmé Mame Coumba Thiaw, coordinatrice nationale de la lutte contre le travail des enfants au ministère du Travail et de l’Emploi, lors d’un atelier organisé à Tambacounda.
« Aujourd’hui, nous ne disposons pas d’enquêtes spécifiques sur le travail des enfants au Sénégal. Pourtant, l’idéal serait de disposer de données précises par région, tenant compte de l’âge des enfants et de la nature des travaux effectués », a souligné Mme Thiaw, également inspectrice du travail et de la sécurité sociale.
Elle a rappelé que la dernière enquête exhaustive remonte à 2005, réalisée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). Cette étude, bien que globale, avait permis d’extraire quelques données sur le travail des enfants. Depuis, aucune étude spécifique n’a été menée pour combler ce déficit d’informations.
L’atelier tenu à Tambacounda visait à vulgariser le Plan cadre national d’élimination et de prévention du travail des enfants, élaboré par le ministère du Travail. L’événement, organisé en partenariat avec la coopération allemande (GIZ), a réuni des représentants des pouvoirs publics, notamment le préfet du département de Tambacounda, Alioune Badara Mbengue, ainsi que des acteurs de la société civile.
Ce plan cadre ambitionne d’éradiquer le travail des enfants en tenant compte des réalités locales. « Il est crucial de disposer d’outils fiables pour guider les actions et adapter les politiques aux spécificités régionales », a insisté Mme Thiaw.
Selon la coordinatrice, le manque de données entrave les efforts des pouvoirs publics et des organisations de défense des droits de l’enfant. Elle estime que des enquêtes actualisées sont nécessaires pour mieux cerner l’ampleur et les formes du travail des enfants, notamment dans les zones rurales où la pauvreté et l’insécurité alimentaire exacerbent la vulnérabilité des jeunes.
Le partenariat avec des organisations internationales, telles que la GIZ, illustre l’importance d’une approche collective pour lutter contre le travail des enfants. Ces collaborations permettent d’apporter une expertise technique et des ressources pour renforcer les capacités des acteurs locaux.
Pour garantir une meilleure protection des enfants, le ministère du Travail et ses partenaires envisagent de lancer de nouvelles études pour collecter des données actualisées. Ces informations serviront de base à l’élaboration de stratégies adaptées et ciblées, dans le cadre d’un engagement global pour éradiquer le travail des enfants au Sénégal.
En attendant, le plaidoyer pour la mise en œuvre effective du plan cadre national reste une priorité, afin de protéger les enfants et leur offrir des alternatives favorisant leur éducation et leur bien-être.