Le Fonds Monétaire International (FMI), par l’intermédiaire de sa porte-parole Julie Kozack, a exprimé, samedi, son appui à l’audit général des finances publiques récemment initié par les autorités sénégalaises. Cette initiative marque une avancée significative vers la transparence budgétaire, une composante essentielle pour une gestion saine des ressources publiques et pour renforcer la confiance des partenaires internationaux.
Lors d’une déclaration officielle, Mme Kozack a salué les efforts du gouvernement sénégalais, affirmant que les conclusions de l’audit ont été partagées avec les experts du FMI. Cette démarche reflète un engagement ferme des nouvelles autorités à améliorer la gouvernance financière du pays.
Le FMI, dans son rôle d’accompagnement des économies en développement, s’engage à travailler en étroite collaboration avec le gouvernement du Sénégal pour analyser les résultats de l’audit, en évaluer les répercussions sur l’économie nationale et identifier les étapes à suivre pour renforcer la gestion financière.
L’objectif principal de cet audit est d’optimiser l’utilisation des ressources publiques, d’identifier d’éventuelles irrégularités et de garantir une meilleure allocation des fonds.
Les révélations issues de cet audit ont notamment conduit des membres du gouvernement, dont le Premier ministre Ousmane Sonko, à dénoncer la publication de « données erronées » par l’ancien régime, dirigé par Macky Sall, concernant la dette publique et le déficit budgétaire du pays.
Selon Abdourahmane Sarr, ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, le rapport révèle que la dette publique et le déficit budgétaire du Sénégal entre 2019 et 2023 ont été sous-estimés.
« La dette publique a été annoncée à une moyenne de 65,9 % du PIB, alors qu’en réalité, elle a atteint 76,3 % du PIB, en raison de déficits publics plus élevés que ceux publiés », a déclaré M. Sarr.
De plus, à la fin de 2023, la dette de l’État, hors secteur parapublic, s’élevait à 15 664 milliards de francs CFA, soit 83,7 % du PIB, alors qu’elle avait été initialement annoncée à 13 772 milliards de francs CFA. Cette différence de près de 1 892 milliards de francs CFA, soit 10 % du PIB, représente des dettes non publiées sous le précédent gouvernement.
Concernant le déficit budgétaire, Abdourahmane Sarr a précisé qu’il s’établissait à 10,1 % du PIB en moyenne durant la période 2019-2023, alors que le chiffre annoncé était de 5,5 %. Pour 2023, le déficit corrigé pourrait avoisiner les 10 % du PIB, contre 4,9 % initialement annoncé.
Le ministre de l’Économie a également mis en lumière un « surfinancement du Trésor public » d’environ 605 milliards de francs CFA en 2023, utilisé pour couvrir des dépenses non budgétisées, en contradiction avec les informations fournies aux partenaires financiers du Sénégal.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a ajouté que les 600 milliards de francs CFA qui auraient dû être alloués à partir de janvier 2024 avaient été dépensés en 2023, avant l’arrivée au pouvoir de l’actuel gouvernement en mars 2024.
Sonko a dénoncé la gravité de cette situation, soulignant l’absence de transparence sur l’utilisation de ces fonds.
Face à ces défis financiers, le gouvernement sénégalais s’engage à redresser la situation et à restaurer la confiance des partenaires financiers, tout en poursuivant ses efforts pour une gestion rigoureuse et transparente des ressources publiques.