Lorsque la France a entamé son premier confinement lié au Covid-19 en mars dernier, nombreux sont ceux qui prédisaient une explosion prochaine des naissances. Mais de récentes statistiques révèlent que le baby-boom attendu n’est pas venu, neuf mois plus tard. Les chiffres révèlent au contraire une chute des naissances. Explications.
Le baby-boom du confinement n’a pas eu lieu en France. À l’annonce du premier confinement en mars 2020, de nombreux internautes pronostiquaient une importante hausse des naissances à venir, inondant les réseaux sociaux de blagues en tous genres. La « génération Covid » était née. Confinés chez eux pendant deux mois entiers à partir de la mi-mars puis encore quatre semaines à la toute fin octobre, d’aucuns imaginaient en effet que les couples profiteraient de cette situation inédite pour se rapprocher et concevoir un bébé. Une hausse des ventes des tests de grossesse de 37 % un mois plus tard et une baisse de 26 % des ventes de contraceptifs au cours de la même période semblaient soutenir cette théorie.
Mais neuf mois plus tard, les statistiques sont tombées : non seulement il n’y a pas eu de rebond de la natalité mais au contraire, on a constaté une chute du nombre de nouveaux-nés. Les chiffres recueillis par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et publiés le 21 janvier révèlent en effet une baisse de 2 % de la natalité en France en 2020. Seulement 740 000 bébés sont nés dans l’année, soit 13 000 naissances de moins qu’en 2019. Le niveau historique le plus bas depuis 1945.
Comment expliquer un tel phénomène ? Si cette baisse de la natalité est en partie liée au déclin naturel de l’époque – le nombre de naissances diminue chaque année depuis six ans en raison de grossesses de plus en plus tardives avec une fertilité moindre –, cette explication ne peut suffire à expliquer cette « forte » chute enregistrée par l’Insee.
Des projets de bébé reportés ou abandonnés
Pour les spécialistes de la question, il existe de nombreuses raisons à cette baisse du nombre de naissances. Mieux, cette chute était prévisible. Eva Beaujouan, chercheuse sur la fertilité tardive en Europe à l’université de Vienne, estime que les crises économiques et sanitaires – comme la Grande Dépression dans les années 1930 ou la pandémie de grippe de la fin des années 1970 – ont toujours historiquement conduit à un ralentissement temporaire des naissances. « La façon dont les gens vivent réellement un confinement et une pandémie est très différente de la façon dont ils l’ont peut-être projetée, explique à France 24 la chercheuse. Cette période a été beaucoup plus stressante [que prévue] et a entraîné de très grands changements pour les gens en termes de travail et de chômage. Ce nouveau contexte incertain a donc pu pousser les couples à reporter leur projet de bébé. »
Un argument étayé par une étude récente publiée par la revue Demographic Research et consacrée à l’impact du Covid-19 sur les projets d’avoir un enfant en Italie, en Allemagne, en France, en Espagne et au Royaume-Uni. Les nombreuses personnes interrogées lors de l’étude ont confirmé qu’elles avaient reporté ou complètement abandonné leur projet de bébé en raison de la pandémie. En France, 50,7 % des personnes ont ainsi déclaré avoir remis à plus tard leur projet de conception tandis que 17,3 % des personnes interrogées ont admis l’avoir complètement abandonné.
Outre les craintes économiques et l’incertitude générale liée à la pandémie de Covid-19, on peut penser que les mesures de confinement ont à elles seules joué un rôle majeur dans la baisse soudaine du nombre de naissances. « Pour les célibataires, contraints de rester à la maison, il était évidemment plus difficile de rencontrer un partenaire », souligne Eva Beaujouan. Mais le confinement a aussi affecté les couples. Le stress de la situation a également pu perturber les cycles de fertilité des femmes et la libido des partenaires.
« Pas le temps de s’embrasser »
Le confinement a aussi occasionné une surcharge de travail et une réorganisation qui ont pu demander beaucoup d’énergie aux couples. « En fin de compte, les couples qui étaient enfermés à la maison avec leurs enfants se sont peut-être retrouvés avec tant de choses à faire qu’ils n’avaient même pas le temps de s’embrasser », plaisante la chercheuse en maternité tardive.
Plus sérieusement, la scientifique estime aussi que certaines personnes qui suivaient un parcours de traitement en procréation médicalement assistée (PMA) ont aussi dû mettre leur projet en attente en raison de la fermeture des centres de fertilité lors du premier confinement en France.
Reste que ces crises majeures qui réduisent la natalité sont généralement temporaires et sont souvent suivies d’une « reprise significative au moment où la vie reprend son cours normal et que les gens retrouvent un emploi, conclut Eva Beaujouan. En France, il est fort possible que nous assistions donc à un rattrapage avec un baby-boom dans les trois ans. »
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