DU SABLE DE L’ARÈNE AU RING DU MMA : REUG REUG, SYMBOLE D’UNE TRANSITION RÉUSSIE

Le 8 novembre s’annonce comme un moment décisif pour le combattant sénégalais Reug Reug, de son vrai nom Oumar Kane, qui s’apprête à défier l’invincible Anatoly Malykhin, le champion en titre des poids lourds du One Championship, au Lumpinee Boxing Stadium de Bangkok.

Cette rencontre hautement anticipée suscite une excitation palpable, avec tous les regards rivés sur cette confrontation de haut niveau.

Dès la présentation officielle, une forte animosité entre les deux adversaires s’est manifestée, nécessitant leur séparation pour éviter des débordements. Les tensions ont atteint leur paroxysme lors de la conférence de presse, où les échanges verbaux étaient particulièrement vifs.

Pour Gasmire Diatta, également connu sous le nom de Kayilla, un combattant d’arts martiaux mixtes (MMA) et de boxe anglaise, Reug Reug a 50 % de chances de remporter son combat, bien que son adversaire soit largement considéré comme le favori dans l’univers du MMA : « il possède un énorme potentiel physique et technique en lutte ».

Selon Malick Thiandoum, journaliste sportif,  Reug Reug affiche une forme olympienne et une bonne dynamique : « il pourrait bien créer la surprise, même s’il n’est pas le favori. Néanmoins, il doit rester vigilant, car son adversaire est très coriace, excellent en boxe et également lutteur ».

Contrairement à la lutte sénégalaise, le MMA intègre une multitude de techniques de combat, permettant l’utilisation de coups de poing, de pieds, de genoux et de coudes, ainsi que des techniques au sol et des soumissions, le tout dans une cage octogonale.

Bien que de plus en plus de lutteurs sénégalais se distinguent dans ce sport, il demeure peu reconnu dans leur pays. Kayilla souligne que le niveau technique et physique des combattants de MMA dépasse largement celui des lutteurs traditionnels : « le MMA est une discipline plus complète, avec un jeu plus intense et nécessitant une grande capacité d’adaptation par rapport aux sports de combat sénégalais. Toutefois, des lutteurs bien entraînés peuvent réaliser de belles performances en MMA, et Reug Reug en est un parfait exemple ».

Pour lui, le MMA représente une opportunité pour la lutte sénégalaise : « il apporte beaucoup de visibilité grâce aux performances de nos lutteurs sur la scène mondiale ».

Malick Thiandoum partage cette opinion, notant que les performances de lutteurs comme Bombardier et Reug Reug suscitent l’intérêt en Europe, aux États-Unis, etc. « Les gens sont curieux d’en savoir plus sur leur pays d’origine et la lutte qu’ils pratiquent », indique-t-il.

Kayilla est convaincu que la légalisation du MMA au Sénégal pourrait avoir des retombées positives tant sur le plan financier que touristique. Cependant, Doudou Mbaye, communicateur traditionnel de lutte, s’oppose fermement à cette légalisation. « Nous avons notre lutte traditionnelle, un sport qui reflète notre culture. Le MMA pourrait être une menace », affirme-t-il.

En revanche, pour Malick Thiandoum, la lutte sénégalaise n’est pas en danger face au MMA : « la lutte est profondément enracinée dans notre tradition, c’est notre sport national, et de nombreux jeunes continuent de la pratiquer. Seule une poignée d’entre eux s’illustre dans le MMA ».

Le journaliste sportif ajoute que « les deux disciplines sont diamétralement opposées ; le MMA représente même une plus-value pour les lutteurs, puisque les rémunérations y sont supérieures ».