ÉLECTION POUR LE POSTE DE DIRECTEUR DU BUREAU AFRIQUE DE L’OMS | LE DR IBRAHIMA SOCÉ FALL EN COURSE

Le candidat sénégalais pour le poste de Directeur du Bureau Afrique de l’OMS est en compétition avec un Nigérien, un Rwandais et un Tanzanien, pour le scrutin qui est prévu dans un peu plus d’un mois.

Candidat au poste de Directeur du Bureau Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), docteur Ibrahima Socé Fall a retracé, dans une interview exclusive à APA, son riche parcours en santé publique et exposé ses priorités, espérant être élu à ce poste stratégique. Il est en compétition avec trois autres candidats, le Nigérien Boureima Hama Sambo, le Rwandais Richard Mihigo et le Tanzanien Faustine Engelbert Ndugulile.

A l’occasion de cette élection prévue du 26 au 30 août 2024 à Brazzaville, en République du Congo, le Comité régional de l’OMS pour l’Afrique passera aux voix pour désigner le septième patron de l’institution lors d’une séance à huis clos de sa 74ème session qui se tiendra, dans cet intervalle.

Ibrahima Socé Fall, 58 ans, qui bénéficie du soutien des plus hautes autorités de son pays, dont le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui l’a d’ailleurs reçu en audience, sera l’une des attractions de la rencontre. Médecin militaire de formation, il a commencé sa carrière dans l’armée sénégalaise, comme médecin en zone de conflit en Casamance, au sud du Sénégal, où sévit depuis plus de 40 ans le mouvement indépendantiste du MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance).

Dr Fall a ensuite orienté sa carrière vers la santé publique, travaillant en périphérie avant de rejoindre le service de santé des armées, puis de devenir enseignant à l’université. « J’ai rejoint l’OMS dans le cadre de la lutte contre le paludisme, où j’ai occupé divers postes clés, notamment en tant que directeur des urgences et sous-directeur général », a expliqué le médecin-colonel.

« C’est le siècle de l’Afrique »

Motivé par un profond engagement pour le continent, Dr Fall se dit prêt à renforcer les systèmes de santé africains s’il est élu comme successeur de la Botswanaise Matshidiso Rebecca Moeti, directrice générale sortante de l’OMS pour l’Afrique. « C’est le temps pour l’Afrique. Nous devons prendre notre destin en main et ne pas attendre que d’autres le fassent pour nous », a-t-il affirmé.

Parmi ses priorités figurent le renforcement des systèmes de santé, l’amélioration de la qualité des soins, la préparation et la réponse aux urgences, ainsi que la lutte contre les maladies tropicales négligées et les maladies non transmissibles. Son slogan de campagne, « C’est le siècle de l’Afrique », reflète une vision intégrée de la santé publique. « La santé pour tous et tous pour la santé, et partout. La santé doit être reflétée dans toutes les politiques sectorielles pour un impact durable », a-t-il souligné.

L’une des expériences les plus marquantes de Dr Fall est la gestion de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, entre 2013 et 2016. Il était à l’époque représentant de l’OMS au Mali lorsque l’épidémie s’est déclenchée en Guinée. « Il fallait changer toutes les stratégies, aller réellement vers les communautés pour vaincre cette épidémie. Et ça a été fait avec succès », dit-il, mettant en avant l’importance d’une approche communautaire forte.

Pour améliorer les soins de santé sur le continent, le Sénégalais propose une coopération renforcée avec les gouvernements africains, adaptée aux besoins spécifiques de chaque pays. « La couverture sanitaire universelle et la promotion de la santé sont essentielles pour notre travail », a-t-il déclaré.

Les plus grands défis sanitaires sur le continent incluent la prévalence des maladies infectieuses et non transmissibles, la qualité des soins et les impacts du changement climatique et de l’urbanisation. « Une approche cohérente de santé intégrant tous les secteurs est nécessaire pour relever ces défis », selon le candidat sénégalais à la direction de l’OMS pour l’Afrique. Il insiste sur l’importance d’une politique cohérente pour attirer et retenir les talents médicaux, notamment en zones rurales. « Investir dans le développement local et créer des conditions favorables pour les professionnels de santé est donc crucial », soutient-il.

Avec APA