Dans l’émission « PLURIEL » animée par monsieur François Xavier Thiaw, ce mercredi 14 août 2024 plusieurs invités issus du pouvoir, de l’opposition et de la société civile ont participé à une discussion animée sur divers sujets d’actualité, dont les récentes affectations de magistrats, la reddition des comptes et les relations entre la presse et le gouvernement.
Me Abdoulaye Tall, porte-parole de PASTEF, a abordé la question des affectations au sein du Conseil supérieur de la magistrature. Selon lui, ces affectations ne doivent pas être considérées comme des sanctions, mais plutôt comme une rotation normale au sein de la fonction publique. Il a souligné :
« Les magistrats sont des fonctionnaires. Tambacounda est une région comme Kédougou. Chaque année, de nombreux fonctionnaires y sont affectés, et on ne parle pas de sanction. Tous ceux qui sont dans la fonction publique doivent s’attendre à être affectés là-bas. Les populations de Tamba ont droit à une justice de proximité avec des juges chevronnés. »
En revanche, Pape Fara Diallo, un représentant de la société civile, a exprimé une opinion divergente. Il a qualifié ces affectations de stigmatisantes, affirmant que ce type de mouvement pourrait entraîner une perception négative des régions concernées ainsi que des magistrats qui y sont envoyés:
« Cela ressemble à une stigmatisation, et il faut éviter cela. C’est une stigmatisation des deux côtés. On stigmatise les habitants de Tamba et en même temps les magistrats chevronnés qui y sont affectés. Nous, de la société civile, observons tout cela. Le service public de la justice doit changer de démarche. »
Sur la question de la reddition des comptes, la députée Mame Gueye Diop a mis en garde contre toute forme de poursuite judiciaire ciblée qui pourrait être perçue comme une vendetta politique. Elle a déclaré :
« On n’acceptera pas le ciblage dans la reddition des comptes, surtout pour des personnes qui ont une coloration politique qu’on essaie de faire taire. Je suis pour la reddition des comptes. Si on nous appelle pour justifier notre gestion quand on était au pouvoir, on va répondre à la justice. »
Senghane Senghor, représentant de la RADDHO, a soulevé la question de la spécificité fiscale des entreprises de presse, soulignant les risques potentiels que les politiques gouvernementales font peser sur leur survie. Il a mis en lumière l’impact que la pression fiscale peut avoir sur le secteur médiatique :
« Les entreprises de presse sont spécifiques. Si on veut leur faire payer l’impôt comme les autres entreprises, cela risque de les plomber. Il y a des actes qui nous font douter. Le Premier ministre a suspendu les conventions avec les entreprises de presse, et peu de temps après, il y a eu ce débat sur les impôts, les redressements. Mais c’est connu, on sait que depuis très longtemps, le pouvoir utilise l’impôt contre la presse pour les faire tomber. Même durant la crise, le pouvoir de Macky Sall a utilisé cette méthode avec des entreprises de presse. Il faut éviter cette méthode du passé. Les entreprises de presse sont très utiles pour le Sénégal. Si la presse tombe, la démocratie suivra aussi. Le président doit discuter avec eux et trouver une solution. »