« LA COUVERTURE MÉDIATIQUE DE LA CAMPAGNE LÉGISLATIVE EST PROFONDÉMENT DÉSÉQUILIBRÉE », IBRAHIMA BAKHOUM

Lors de son intervention dans l’émission « Salam Sénégal » sur Radio Sénégal Internationale, le journaliste Ibrahima Bakhoum a formulé une analyse sévère sur la couverture médiatique des élections législatives en cours. Il a mis en lumière des inégalités marquées et des pratiques contraires aux dispositions du code électoral, en particulier dans les médias privés.

D’après son analyse, la campagne actuelle a souffert d’un traitement médiatique inégal, favorisant certains candidats au détriment d’autres. « Certaines personnes ont bénéficié d’une visibilité excessive, tandis que d’autres ont été presque complètement ignorées par les médias. Une telle disparité est inacceptable dans un cadre démocratique », a-t-il déclaré.

Les chaînes de télévision publiques, à l’instar de la RTS, ont respecté les exigences légales en octroyant à chaque candidat trois minutes d’antenne. Cependant, Ibrahima Bakhoum souligne que même si cette approche semble juste sur le papier, elle n’a pas engendré un véritable intérêt du public ni permis de juger adéquatement la pertinence des propositions des candidats.

Le journaliste a également alerté sur le recours potentiel de certains candidats à l’achat de temps d’antenne dans des médias privés, une pratique prohibée par le code électoral. Ce phénomène met en exergue un manque de régulation adéquate et soulève des questions sur l’équité envers les différents aspirants aux mandats.

Au cours de l’émission, Bakhoum a interpellé le Président du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) au sujet d’un site internet qui consacre la totalité de ses débats à Ousmane Sonko. « Cette situation est alarmante et nécessite une révision législative afin de mieux encadrer ces abus. Il est essentiel d’augmenter le financement des médias pour garantir leur indépendance et un traitement équilibré », a-t-il plaidé.

Par ailleurs, le journaliste a exprimé ses préoccupations concernant les violences verbales présentes durant la campagne, qui pourraient affecter le fonctionnement de la future Assemblée nationale. Selon lui, les antagonismes personnels et les discours agressifs risquent de créer des tensions au sein de l’hémicycle. « Certains candidats manquent du bagage politique et administratif nécessaire pour occuper un siège à l’Assemblée. Cela pourrait nuire à la qualité des débats et affaiblir l’institution législative », a-t-il averti.

Pour prévenir de telles dérives à l’avenir, Ibrahima Bakhoum insiste sur la nécessité de réformer le cadre législatif régissant la couverture médiatique des élections. Il appelle également à renforcer les capacités des organes de régulation, comme le CNRA, afin de garantir un traitement équitable pour tous les candidats en campagne.