LE CDEPS S’INSURGE DES DÉCLARATIONS DU MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET APPELLE À UN DIALOGUE RÉNOVÉ

Le Conseil des Éditeurs et Diffuseurs de Presse du Sénégal (CDEPS) a, lors d’un point de presse à la suite d’une déclaration liminaire, exprimé son inquiétude face à la gestion actuelle du secteur de la presse au Sénégal. Le communiqué s’inscrit dans la foulée de la journée sans presse du 13 août, qualifiée de succès, et de l’évaluation qui s’en est suivie.

Le CDEPS a salué l’appel du président de la République pour un « dialogue rénové avec la presse » tel que formulé lors du Conseil des ministres du 14 août 2024. Toutefois, le ton du communiqué s’est durci face aux récentes déclarations du ministre de la Communication, perçues comme une attaque contre la presse.

Le CDEPS a réagi avec effarement aux propos du ministre de la Communication concernant la situation fiscale des entreprises de presse et la gestion du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP). Dans son communiqué, le CDEPS dénonce ce qu’il qualifie de « fausseté » des annonces faites par le ministre lors d’interventions publiques. Selon l’organisation, ces déclarations relèvent d’une « opération de manipulation et de diabolisation » visant à saper la crédibilité des entreprises de presse et à créer des conditions favorables à l’élimination d’entreprises non conformes aux intérêts partisans.

Le CDEPS réfute les chiffres avancés par le ministre concernant les dettes fiscales des entreprises de presse, dénonçant une « méthode infamante ». Il estime que les 40 milliards FCFA mentionnés incluent des droits simples, des pénalités et des taxations d’office, des éléments qui, selon le CDEPS, ont été agrégés de manière inappropriée. L’organisation considère cette divulgation publique des données fiscales comme une violation flagrante du secret fiscal.

En outre, le CDEPS a critiqué la gestion de la situation sociale des entreprises de presse par le ministre. Selon le Conseil, les chiffres avancés reposent sur un échantillon limité et ne reflètent pas la réalité du secteur, où 2 118 personnes détiennent actuellement la carte nationale de presse sur 2 700 demandes. Le CDEPS appelle à des études plus fiables et dénonce la tentative du ministre de créer des tensions entre employeurs et employés du secteur médiatique.

Sur la question du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP), le CDEPS a exprimé son étonnement face aux montants annoncés par le ministère, les qualifiant de « scandaleusement incomplets ».

Le Conseil demande que les services d’Inspection de l’État fassent la lumière sur la répartition réelle des fonds, notamment sur les 800 millions de francs qui n’auraient pas été alloués aux entreprises de presse. Le CDEPS réfute également toute implication de ses représentants dans la gestion du FADP, rappelant que ces derniers n’ont qu’un rôle consultatif, tel que stipulé par le décret encadrant le Fonds.

A l’occasion, le CDEPS a réitéré son appel à une régulation efficace du secteur de la presse, soulignant les nombreuses propositions déjà formulées aux autorités pour une meilleure prise en charge des problèmes structurels du secteur.

Selon l’organisation, la presse ne pourra pas se développer dans un climat de méfiance où elle est perçue comme un « secteur ennemi à abattre ». Le CDEPS appelle donc à un dialogue serein pour restaurer un écosystème viable et bénéfique pour la presse sénégalaise, les acteurs du secteur, et la République.