Mamadou Ibra Kane, le président du Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Senegal (CDEPS) était l’invité de la matinale de Salam Senegal de la RSI. Il a souligné l’importance cruciale de la presse lors des récentes élections législatives au Sénégal, marquant ainsi notre troisième alternance. Pour lui, ces élections se sont déroulées dans un contexte particulier, marqué par des tensions entre les médias et le gouvernement en place : « malgré des moyens limités, des pressions fiscales et des problématiques sociales, la presse a réussi à offrir une couverture de qualité. C’est grâce à son travail que les premières tendances des résultats ont été révélées rapidement, permettant de connaître le vainqueur des élections dès le soir, tout comme cela avait été le cas lors des élections présidentielles précédentes ». Le président du CDEPS a insisté sur le fait que les hommes politiques doivent reconnaître que la presse est au service de tous les citoyens sénégalais, affirmant qu’un pays sans une presse libre n’est pas véritablement démocratique.
Il a également abordé la situation financière des entreprises de presse, en rapportant une discussion avec le directeur général des impôts et domaines, qui a mentionné envisager une levée des restrictions sur certains comptes d’entreprises médiatiques concernées. Toutefois, il a précisé qu’aucune confirmation ne peut être faite concernant l’application uniforme de cette mesure. Ces derniers mois, la presse a traversé une période difficile, se heurtant à une perception erronée de la part des trois régimes qui se sont succédé, les considérant comme des adversaires, alors qu’ils avaient précédemment défendu la liberté des médias lorsqu’ils étaient dans l’opposition.
Mamadou Ibra Kane déplore que le nouveau régime n’ait pas facilité la situation, exacerbant la précarité des journalistes. Selon lui, la Constitution garantit la liberté de presse et d’expression, et tout acte portant atteinte à ces libertés constitue, à ses yeux, une offense au Sénégal et à sa démocratie. De nombreuses entreprises médiatiques ont été contraintes de recourir au chômage technique, en négligeant des obligations juridiques, et beaucoup de journalistes souffrent d’arriérés de salaires et d’un manque de couverture médicale, malgré leur rôle essentiel dans le maintien de la paix dans le pays.
Concernant le financement, le président du CDEPS indique que les publicités ont diminué et que l’aide à la presse reste dérisoire, se chiffrant à seulement 1,9 milliards de francs CFA, un montant insuffisant pour favoriser un véritable essor économique et social. Il affirme que l’information, la communication et le journalisme sont plus essentiels que même les dépenses militaires. Il appelle donc l’État à investir dans le secteur de la presse et à créer un cadre fiscal favorable, permettant aux médias de se relever et de s’ouvrir au monde.