MIGRATION IRREGULIÈRE | LE SÉNÉGAL INTENSIFIE LA LUTTE À TRAVERS LE COMITE INTERMINISTÉRIEL

Le lieutenant Henry Boumy Ciss, chef de la division communication, prévention et sensibilisation du Comité Interministériel de Lutte Contre la Migration Irrégulière, était l’invité de la matinale « Salam Sénégal » ce mercredi 23 octobre 2024. La discussion a porté sur les enjeux liés à la migration irrégulière et les initiatives en cours pour y faire face.

Le Sénégal est confronté à des vagues migratoires depuis 2004, et malgré les efforts de l’État pour y mettre fin, le phénomène persiste. La situation s’est aggravée ces dernières années, notamment en 2022, 2023, et 2024, avec des drames maritimes survenus à Mbour. L’État sénégalais, conscient de la nécessité de préserver sa jeunesse pour assurer le développement du pays, a mis en place un Comité Interministériel. Ce comité, qui regroupe des ministères, des ONG, la société civile, des mairies et des collectivités territoriales, vise à élaborer des stratégies pour combattre la migration irrégulière.

Le lieutenant Henry Boumy Ciss a précisé que cette stratégie, validée par le gouvernement et soutenue par des partenaires financiers et techniques, s’inscrit dans un plan d’action de dix ans, avec des évaluations prévues tous les deux ou trois ans.

Selon Henry Boumy Cisscontrairement aux idées reçues, la migration irrégulière ne trouve pas ses racines uniquement dans la pauvreté. Nombreux sont ceux qui choisissent de partir en Europe malgré un emploi stable au Sénégal. Pour beaucoup, l’Europe représente une promesse de vie meilleure, renforcée par la pression sociale et la désinformation. Les réseaux sociaux jouent un rôle clé en donnant une image faussée de la réussite en Europe, alimentant le « mirage » d’une vie luxueuse et prospère. Souvent, les familles elles-mêmes encouragent ces départs, espérant une fortune rapide.

Le Comité Interministériel a élaboré une approche en cinq axes pour lutter contre la migration irrégulière : Prévention : Sensibiliser la population, en particulier les jeunes, sur les dangers et les réalités de la migration clandestine. Gestion des frontières : Renforcer la sécurité aux frontières pour contrôler les départs clandestins. Répression : Poursuivre les organisateurs de voyages clandestins. Le lieutenant Ciss a souligné que la répression ne concerne pas les migrants eux-mêmes, mais les réseaux de trafic de migrants et de traite des personnes. Les autorités envisagent d’alourdir les sanctions pour dissuader les trafiquants. Assistance et Protection des Migrants : Offrir un soutien aux migrants en détresse et respecter leurs droits fondamentaux. Réintégration des Migrants de Retour : Mettre en place des mécanismes d’accompagnement pour faciliter le retour des migrants dans la société et éviter les traumatismes liés à leur expérience migratoire.

Une nouvelle stratégie sera mise en avant cette année selon le lieutenant c’est de valoriser les parcours de réussite des Sénégalais qui sont partis en Europe, ont réussi, puis sont revenus au pays pour bâtir une vie prospère. L’idée est de montrer que la réussite n’est pas exclusive à l’étranger et que l’opportunité existe également au Sénégal. Ces histoires serviront d’exemple pour convaincre les jeunes de rester et investir leur énergie dans le développement de leur propre pays.

La mission du Comité Interministériel et ses efforts pour juguler la migration irrégulière témoignent de la volonté du Sénégal de protéger sa jeunesse. Le pays s’engage à trouver des solutions durables pour offrir des perspectives économiques et sociales à ses jeunes, et à les sensibiliser aux risques associés à la migration clandestine. La campagne de communication s’intensifie pour inspirer un changement de mentalité, et promouvoir l’idée que l’avenir peut se construire au Sénégal.