SETAL SUNU REEW :  LE COMBAT ULTIME POUR LA PROPRETÉ (PAR DR IDRISSA DOUCOURÉ)

Imaginez un Sénégal où chaque rue, chaque marché, chaque quartier respire la propreté. Imaginez un Sénégal où la propreté n’est pas un rêve, mais une réalité. Imaginez un Sénégal où chaque citoyen, chaque institution, chaque entreprise s’engage pour un environnement sain. Ce rêve, ce défi, cette ambition peuvent devenir réalité si nous nous y engageons ensemble.

Le Sénégal a déjà démontré sa détermination à améliorer le cadre de vie de ses citoyens, comme en atteste la présence permanente sur le terrain du ministre en charge de l’hydraulique et de l’assainissement, dans une approche de dialogue constructif et de résolution des problèmes.

Pour pérenniser les journées Setal Sunu Reew, il est crucial de coordonner les efforts des structures étatiques sous l’égide du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement et, en parfaite intelligence avec les collectivités locales et les organisations communautaires les plus representatives. Tirant profit du succès des deux premières éditions de Setal Sunu Reew, la priorité aujourd’hui est de savoir comment institutionnaliser ces journées. Oui, sans ambage, il nous faut une plateforme de coordination sous le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement. Cette plateforme multi acteurs aura la charge d’évaluer d’une part les points forts et les facteurs critiques et autres menaces, et d’autre part d’élaborer un plan de travail annuel, précisant les rôles de chaque acteur ainsi que les modalités de suivi et supervision des actions.

Les initiatives antérieures, comme les journées de Set Setal et le Cleaning Day, ont montré l’importance de la régularité et de la mobilisation communautaire. Diversifier les activités, introduire des compétitions inter quartiers, intercommunales, interministérielles,… et maintenir une communication constante, constituent des éléments essentiels pour éviter la lassitude et renouveler constamment l’enthousiasme et le désir de participation des populations, et des jeunes notamment. Le Chef de l’État a récemment souligné l’importance du concept « Setal Sunu Réew » et félicité les citoyens pour le succès de sa deuxième édition. Il a demandé une préparation rigoureuse de la troisième édition, prévue dans la ville sainte de Touba, axée sur la reforestation. Le Premier Ministre propose de transformer cette initiative en Programme national pour promouvoir la citoyenneté et l’économie sociale, renforçant ainsi le volontariat et l’insertion professionnelle des jeunes.

Ce programme pourrait assurer une coordination plus efficace et des résultats durables. En effet, la Direction Nationale du Cadre de Vie (DNCV), la SONAGED, l’ONAS, le Service National d’Hygiène, le Service Civique National, les Eaux et Forêts, les organisations de jeunesse et de femmes ont chacun un rôle clé dans la mise en œuvre d’un tel programme. La DNCV planifie l’urbanisme avec des normes environnementales strictes, la SONAGED gère les déchets solides, l’ONAS traite les eaux usées, le Service National d’Hygiène sensibilise aux bonnes pratiques, et le Service Civique National mobilise les jeunes pour des actions citoyennes.

N’oublions pas l’éducation, une composante essentielle pour ancrer durablement les pratiques de propreté. Des programmes scolaires, des campagnes de sensibilisation et des formations pour les leaders communautaires peuvent créer un changement de comportement à long terme. Le Rwanda, modèle en matière de propreté grâce à une volonté politique forte et une participation communautaire active, pourrait inspirer le Sénégal. Le concept d’Umuganda, une journée mensuelle de travaux communautaires obligatoires, pourrait inspirer davantage et une meilleure adaptation au contexte sénégalais.

Pour toucher tous les segments de la société, il est essentiel de cibler des lieux stratégiques comme les marchés, les gares routières, les voies publiques, les lieux de travail, les lieux de culte, les hôpitaux et les restaurants. Une collaboration avec les autorités locales et les associations de quartier facilitera cette massification. L’armée, avec sa logistique et son expertise, peut contribuer à rendre nos quartiers plus propres et former des volontaires. Le Service des Eaux et Forêts pourrait embellir nos quartiers avec des aménagements verts.

Chaque département ministériel doit veiller à l’hygiène et à la propreté des établissements et infrastructures sous sa responsabilité. Cela inclut la mise en place de plans d’action spécifiques et la mobilisation des ressources nécessaires pour assurer une propreté permanente.

Institutionnaliser et pérenniser les journées Setal Sunu Reew est un défi ambitieux mais réalisable. En coordonnant les efforts des structures étatiques, en s’inspirant des succès du Rwanda et en tirant des leçons des initiatives passées, le Sénégal peut instaurer un réflexe de propreté durable, à travers un programme de propreté fortement structuré et soutenu par des investissements significatifs d’assainissement. Ensemble, nous pouvons faire du Sénégal un exemple de propreté pour le monde entier. Ensemble, nous pouvons transformer notre pays. Ensemble, nous pouvons agir maintenant, pour un avenir plus propre et plus sain. Le Sénégal en a les moyens, mais le défi est d’ordre méthodologique et organisationnel. Les grandes batailles ne se remportent pas dans les bureaux, mais sur le terrain, au contact des populations, qui ne doivent plus être perçues comme des cibles mais comme des acteurs à part entière. Faisons leur confiance, allons vers elles, travaillons avec elles.

Comme le disait Thomas Sankara : « La propreté est le reflet de l’âme d’une nation. »

Idrissa Doucouré PhD, Exécutive MBA, Master en planification stratégique et Ingénieur

Président du Conseil Mondial des Investissements et des Affaires, Londres