Dans la nuit du vendredi au samedi, lors de l’événement ONE 169 en Thaïlande, le combattant sénégalais Oumar Kane, plus connu sous le nom de Reug Reug, a écrit une nouvelle page d’histoire en remportant une victoire historique contre le Russe Anatoly Malykhin. Par décisions des deux jurys sur trois, Reug Reug a créé la sensation en mettant fin à l’invincibilité du champion russe, détenteur de trois ceintures mondiales et avec un palmarès de 14 victoires en autant de combats. Cette victoire marque non seulement un exploit personnel pour le combattant sénégalais, mais aussi un moment charnière pour le MMA (Mixed Martial Arts) au Sénégal, un sport qui, bien que de plus en plus populaire, attend encore une véritable reconnaissance officielle dans le pays.
La performance impressionnante de Reug Reug n’a pas manqué d’attirer les félicitations des plus hautes autorités du pays. Le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a exprimé sa fierté après cet exploit monumental :
Ces mots ne font que confirmer l’importance de cette victoire, qui dépasse le cadre sportif pour devenir un symbole de fierté nationale. Reug Reug, en remportant ce combat contre un adversaire aussi redoutable que Malykhin, prouve que le Sénégal peut se faire une place de choix sur la scène internationale du MMA.
Cette victoire de Reug Reug a des implications bien au-delà de sa carrière personnelle. Les acteurs du MMA au Sénégal espèrent désormais voir ce sport être officiellement reconnu dans le pays. Actuellement, le MMA est en plein essor, avec plus de 10 combattants professionnels basés au Sénégal. Il est particulièrement populaire auprès des lutteurs sénégalais, qui y voient une alternative aux opportunités limitées qu’offre la lutte traditionnelle sénégalaise, notamment en termes de visibilité internationale et de revenus.
Les lutteurs, qui ont longtemps dominé les arènes locales, se tournent de plus en plus vers le MMA, attirés par la possibilité de rivaliser sur la scène mondiale et de bénéficier des structures professionnelles. Le succès de Reug Reug pourrait ainsi devenir un catalyseur pour le développement du MMA au Sénégal et l’initiation de jeunes talents dans cette discipline.
La reconnaissance officielle du MMA : un long chemin à parcourir
Cependant, selon le Dr Nalla Socé Fall, plusieurs étapes restent à franchir avant que ce sport soit pleinement reconnu au Sénégal. En effet, bien que la popularité du MMA croît dans de nombreux pays, son statut n’est pas encore assuré partout, et son inclusion dans les programmes sportifs internationaux reste un processus complexe.
« Il y a encore beaucoup de travail à faire avant que le MMA soit officiellement reconnu, non seulement au Sénégal, mais à l’échelle internationale. Le sport doit répondre à des critères stricts, comme être reconnu par le Comité International Olympique (CIO), ce qui n’est pas le cas pour le moment », explique Dr Nalla Socé Fall.
Le MMA, en raison de sa configuration particulière. Pratiqué dans une cage et avec des règles plus permissives en matière de coups soulève également des questions de sécurité. La pratique de certains mouvements, comme les coups de genou à la tête, peut comporter des risques significatifs pour les athlètes, ce qui nécessite des régulations strictes et des études approfondies sur les conséquences à long terme de cette pratique sur la santé des combattants.
De plus, comme pour la lutte avec frappe sénégalaise qui peine parfois à obtenir une reconnaissance mondiale, le MMA doit faire face à des défis similaires. L’organisation et l’encadrement du sport sont cruciaux pour assurer la sécurité des athlètes, et chaque pays ne met pas toujours en place les mêmes normes ou le même degré de rigueur dans la régulation des compétitions.
Pour que le MMA gagne en légitimité au Sénégal, il est essentiel de créer un cadre légal et une organisation qui garantissent la sécurité des pratiquants et la transparence des compétitions.